Il y a quelques mois, je prenais la décision de repartir au Moyen-Orient pour une durée indéterminée, sans plan précis mais avec la volonté de m’écouter et de répondre au besoin que j’ai d’être dans cette région du monde.

Aujourd’hui, cela fait un mois que je suis revenue au Caire et l’arrivée à été plus dure que je ne l’aurais pensé. Pour la première fois, je reviens au Caire avec un projet à mettre en place. Finie l’insouciance des vacances, de toute façon je crois que je n’en suis plus capable. Au début j’ai pensé laisser tomber, fuir, ne pas m’engager et oublier. Mais je ne peux pas, quelque chose m’en empêche et aussi dur que ce soit de commencer ce nouveau chemin, je sens au fond de moi que c’est la bonne direction.

J’ai donc trouvé du travail, je vais être enseignante de français au Collège de la Mère de Dieu, je crois que c’est l’entre deux que je recherchais : un établissement à taille humaine et familial en plein centre-ville proche de la réalité cairote. Je me suis inscrite dans une école d’arabe et j’ai trouvé un prof de oud. J’ai rencontré de nouvelles personnes qui sont au Caire pour les mêmes raisons que moi et qui me donnent espoir.

J’ai aussi retrouvé mes amis cairotes, ceux que je connais depuis des années. Jamais je ne les ai trouvés aussi fatigués et aussi las. En un an la situation s’est énormément aggravée en Égypte. Tout est plus cher (sauf les salaires) et même la classe moyenne se retrouve avec la corde au cou. Le gouvernement continue d’arrêter et d’emprisonner de manière très aléatoire tous ceux qui se, ou pourraient, s’opposer au régime (il n’y a qu’à voir la blague qu’ont été les élections au printemps dernier). Pas d’argent, pas de droits, pas de libertés, pas d’espoir. Tous pensent à partir, pour essayer ailleurs, avoir au moins la possibilité de goûter un peu à la liberté. Ils savent que la vie n’est pas rose en Europe mais ici il n’y a rien.

Alors que faire ? Je ne sais pas, je n’ai pas de réponse. Continuer de se battre, trouver de nouveaux moyens. Cette année, j’apprends à être patiente et à réfréner mes envies de prendre mon sac-à-dos pour partir en trip solo à l’autre bout de la planète. Mais je sais que c’est pour le mieux. Mettre un pied devant l’autre et faire un pas après l’autre, pour me permettre de construire mon nouveau projet. Être patiente pour me reconstruire. Et ça ira, Inshallah.

Graffiti par l’artiste Elna2ash, dans un de mes cafés préférés Al Bustan, Le Caire.
Un pas après l’autre.