L’année dernière, j’ai passé Noël à Bethléem en Palestine. Bethléem serait la ville de naissance de Jésus, j’ai d’ailleurs pu visiter l’église de la Nativité et voir la grotte où il serait né. C’est une belle ville ancienne aux édifices religieux et bâtiments en pierre. C’était beau de se retrouver là le jour de Noël, voir des pèlerins du monde entier venir se recueillir.
Mais Bethléem est aussi une ville séparée en deux par un immense mur au milieu duquel trône un checkpoint qu’il faut parfois plusieurs heures aux voitures pour traverser. La tension dans la ville est forte et dans cette ville majoritairement chrétienne, ce sont parfois les églises qui permettent l’appel à la prière des musulmans lorsque les mosquées en sont dans l’incapacité.
Lors des quelques jours que j’ai passés à Bethléem, des manifestations avaient lieu devant le mur de séparation. Un homme déguisé en Père Noël était là et sonnait la cloche. Il y avait des manifestants, des journalistes… Cette période était particulièrement tendue en Palestine car juste après que Trump ait déclaré qu’il allait déménager l’ambassade américaine à Jérusalem et que cette dernière était la capitale d’Israël. En réponse aux manifestants, deux soldates israéliennes depuis leur tour de contrôle en haut du mur, lançaient des bombes assourdissantes. Certaines ont atterri sur le toit d’un taxi qui passait par là ou auprès d’un groupe d’enfants. Et elles, elles riaient.
La construction du mur de séparation entre Israël et la Palestine a débuté en 2000 lors de la seconde Intifada. Sa construction devait alors être une solution temporaire. La raison invoquée était la « sécurité » des Israéliens. Les Nations Unies ont déclaré le mur illégal et demandé l’arrêt de sa construction et le dédommagement aux Palestiniens. Mais rien n’est fait, et en 2017, une dizaine d’années après la fin de la seconde Intifada, le mur continue de s’étendre… A Bethléem, le mur est aux portes de la ville. Il est un lieu d’affrontements entre civils palestiniens et soldats israéliens. Il est aussi devenu un moyen d’expression pour des centaines de street artistes, rappelant ainsi le mur de Berlin. Ce détournement du but même du mur est controversé. Le street artiste Banksy, l’un des premiers à avoir graffé sur le mur, a raconté comment un Palestinien l’avait interpelé alors qu’il graffait sur le mur pour lui demander ce qu’il faisait. Banksy lui a répondu qu’il voulait rendre le mur beau, mais le Palestinien a rétorqué que ce mur était une chose horrible pour le pays et qu’il ne fallait pas le rendre beau. Et c’est vrai qu’à voir les touristes poser tout sourire devant le mur, il y a de quoi s’interroger. Peut-on faire une œuvre d’art d’une chose aussi laide et cruelle? Faire de l’art avec ce mur ne détourne-t-il pas son principal symbole : l’occupation de la Palestine par Israël ? Ou au contraire cela apporte-t-Il de l’attention sur ce qu’il se passe ici?