Sœur Emmanuelle
Cet été j’ai lu l’autobiographie de Sœur Emmanuelle « Confessions d’une religieuse » où elle raconte son entrée au couvent à l’âge de 20 ans, sa vie de religieuse, son métier d’enseignante qu’elle a exercé en Turquie, en Tunisie et en Egypte, les études qu’elle a suivies jusqu’à plus de cinquante ans (elle avait une licence de grec, une de latin, une de philosophie, etc.) et son expérience de près de 20 ans dans un bidonville du Caire à vivre au sein de cette communauté si particulière de la capitale égyptienne ainsi que le combat qu’elle a mené pendant toute cette période pour améliorer leurs conditions de vie.
Les Zabbaleens – Les Chiffonniers du Caire
La première fois où j’ai vraiment entendu parler du travail de Sœur Emmanuelle, c’est lorsque j’ai traversé ce bidonville que l’on appelle « Garbage City » pour aller visiter différentes églises situées près de ce quartier. C’est le quartier où les éboueurs du Caire ramènent les déchets, les trient, les recyclent et les revendent. La particularité de ce quartier c’est que les gens vivent au milieu de ces déchets. Ils sont partout. Autrefois ces éboueurs s’occupaient du ramassage des ordures de la ville du Caire mais en 2003 la municipalité décide de confier cette tâche à des compagnies étrangères. Cette décision a largement impacté la population des Zabbaleens pour laquelle le ramassage et le traitement des ordures représentent leur gagne-pain principal. La majorité des Zabbaleens sont coptes (environ 90%), la seconde activité principale est l’élevage et la vente de porcs. Or en 2009 le gouvernement, prétextant une épidémie de grippe aviaire, fait abattre une grosse partie de l’élevage de porcs du quartier. C’est un nouveau coup dur pour l’économie déjà très précaire du quartier.
C’est en 1971, au moment de sa retraite, que Sœur Emmanuelle décide de s’installer vivre avec les Chiffonniers. Elle va partager leur quotidien dans le bidonville et commencer son combat solidement aidée par Sœur Sara et autres personnes qui vont lui prêter main forte : accès à la santé, à l’éducation, moments de rencontre entre différentes confessions ou classes sociales, création d’un dispensaire, d’une école et de bâtiments en brique (les Chiffonniers vivaient alors dans des tentes ou des abris en tôle) et mise en lumière de la situation dans ce quartier, elle agit sur de nombreux fronts.
El Seed
C’est aussi ce quartier que l’artiste El Seed a voulu mettre en lumière grâce à son œuvre « Perception », une calligraphie qui s’étend sur différents bâtiments et qui se complète selon l’endroit où l’on se place pour l’admirer.
Cette œuvre est d’ailleurs la première image du documentaire « Trash Town » consacré à ce quartier et à ses habitants.
En savoir plus :
*Sœur Emmanuelle, sa vie et son association au Caire ASMAE
https://www.asmae.fr/soeur-emmanuelle/
*Les Zabbaleens
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/en-direct-du-monde/en-direct-du-monde-dix-ans-apres-sa-mort-le-travail-engage-par-soeur-emmanuelle-se-poursuit-en-egypte_2987555.html
Taking A Peek of The Zabbaleen: The Garbage People of Cairo, Egypt