Petit résumé de certaines lectures de ces derniers mois :
#18 Le piano oriental, Zeina Abirached
J’ai relu récemment Le piano oriental de Zeina Abirached. J’avais peur d’être déçue car j’avais été extrêmement touchée la première fois que je l’avais lu il y a quelques années. Mais une fois encore la magie a opéré et j’ai refermé ce roman graphique des larmes pleins les yeux.
C’est l’histoire d’un homme passionné, rêveur et créatif qui inventera un piano capable de jouer des mélodies occidentales et orientales.
C’est l’histoire d’une jeune femme qui tisse son identité entre son Liban natal et sa France d’adoption.
Zeina Abirached nous raconte sa propre histoire et celle de son arrière arrière grand-père. Elle explore la notion d’identité, de langues, de double culture, le rapport à son chez-soi et à soi-même, le lien inébranlable qui lie en elle, comme en son arrière arrière grand-père, l’Europe et le Moyen-Orient.
Le livre a encore plus résonné en moi depuis que je vis en Syrie et les références au dialecte syro-libanais m’ont bien plus parlé.
Bref, vous l’aurez compris, je vous en conjure, ouvrez cette pépite et laissez-vous capturer par cette magnifique histoire des deux côtés de la Méditerranée
#19 Rue des voleurs, Mathias Enard
C’est l’histoire de Lakhdar, un jeune marocain de Tanger, qui rêve, comme de nombreux jeunes de son âge et de sa région, d’une vie meilleure. Et son paradis, il pense qu’il le trouvera de l’autre côté de la Méditerranée.
C’est l’histoire de tous ces jeunes qui partent en quête d’un quotidien plus doux et qui se retrouvent face aux pires difficultés pour accéder à leurs rêves et à la réalité d’une société occidentale loin d’être idéale.
Percutant.
#20 Le double, Dostoïevski
Ce fut une lecture en pointillés que celle du Double de Dostoïevski.
C’est l’histoire d’un homme tout à fait sans histoire, soigné et obséquieux, qui, un soir en rentrant du travail, va se retrouver nez à nez en pleine rue avec une silhouette étrangement familière : son propre double ! Cet homme en tout point similaire à notre héros semble de prime abord aussi innocent et ingénu que notre Monsieur Goliadkine, mais il va en réalité bien vite se révéler loin d’être angélique et va tourner la vie de notre personnage principal en véritable enfer.
J’ai tout de suite adoré l’intrigue et le côté totalement absurde du texte, jusque dans les dialogues. J’ai aimé le caractère lunaire voire déboussolé du personnage principal, et je suis vite tombée dans son l’histoire. Pourtant, au bout du moment, on patine. On ne comprend pas le sens de cette histoire. Est-ce une critique sociale ? Goliadkine est-il fou ? Quelle est la part de vrai, quelle est la part de faux ? Quel est le message de l’auteur derrière cette histoire rocambolesque ?
Ces questions ne sont malheureusement pas élucidées et la fin nous laisse (totalement) sur notre faim !
Le point positif c’est que ce livre m’a donné envie de retourner en Russie, de refaire un tour dans Saint-Pétersbourg, de longer la Néva et d’admirer encore une fois l’architecture incroyable de cette ville
#21 La nuit de noces de Si Béchir, Habib Selmi
Plusieurs années après son mariage, la nuit de noces de Béchir faire l’objet de viles rumeurs. Ayant du mal à effectuer sa tâche, c’est son ami et l’homme qu’il a nommé « ministre » cette nuit-là (celui qui aide le jeune marié avec son soutien et ses conseils) qui aurait défloré la femme de Béchir et non lui-même.
Derrière cette histoire de discussions de café, de noces et de rumeurs, transparaît la vie des Tunisiens hors des villes. Une vie simple, des rapports hommes / femmes mais aussi hommes / hommes très codifiés.
Au loin, le printemps arabe, Tunis et la Révolution. Des mots nouveaux pour nos personnages tels que la « démocratie » énoncés dans une langue qu’ils ont du mal à comprendre. « J’ai compris Mustafa, la démocratie c’est quand tu peux mettre le papier de n’importe quelle couleur dans l’urne, pas seulement le papier rouge. »
Derrière une intrigue simple, c’est une partie de la population tunisienne que l’auteur met en valeur, sans jugement ni critique.
Au regard du portrait dressé par l’auteur, on peut se poser la question : quel avenir politique pour les Tunisiens ?