Jeudi 10 septembre 2020,

C’est enfin le jour J, le départ pour la Syrie. Mais avant cela, quelques péripéties m’attendent…

Je pars en début d’après-midi d’Avignon avec ma mère, on s’arrête en route acheter quelques petites choses que j’ai oubliées et retirer un peu de liquide.

Arrivée à l’aéroport vers 15h30, je sens l’adrénaline monter. Ça y est, je suis là, à l’aéroport de Marseille avec mes 6o kilos de bagages, prête à partir pour minimum un an en Syrie. C’est le moment attendu depuis des mois et je commence à réaliser. Je ne me sens pas stressée mais pleine d’émotions et d’excitation face à ce qui m’attend.

Ma mère décide de venir avec moi pour m’aider à peser mes bagages : on les a pesés à la maison mais la balance n’était pas stable, j’ai peur de dépasser la limite autorisée pour les bagages et je veux pouvoir répartir les affaires si besoin avant l’enregistrement. En plus j’ai payé un excédent de bagage à l’avance sur le site mais je ne suis pas sûre que ça ait marché. Je me rends donc au comptoir de la compagnie aérienne pour vérifier : c’est bon, l’excédent a bien été pris en compte. Par contre, une directive est tombée depuis peu, tous les passagers à destination de Beyrouth doivent impérativement payer une taxe pour refaire le test du covid-19 à leur arrivée à l’aéroport de Beyrouth. L’employé me dit qu’il n’est pas sûr que le test sera réellement effectué, par contre il est sûr que je dois payer… Je paye donc et pars faire la queue pour l’enregistrement. Après un petit moment, une personne de la sécurité tourne autour d’un bagage abandonné par son propriétaire juste à côté de la queue pour le guichet d’enregistrement. Quelques tours autour du bagage, quelques appels au micro pour le propriétaire qui ne se manifeste pas. La conséquence ne tarde pas : il faut évacuer le hall. Nous sortons donc tous du hall en attendant que la sécurité s’occupe du bagage abandonné. Heureusement le propriétaire réapparait soudain et on peut rapidement réintégrer le hall. Ça y est, les bagages sont enregistrés, pas de problème au niveau du poids (total : ma grosse valise faisait 29.9kg, mon sac 20.2kg, mon petit sac-à-dos 6.5kg et je n’ai pas pesé mon sac-à-main mais je pense qu’il faisait 5kg), il est temps de dire au revoir à ma mère après 6 mois passés ensemble. Les câlins traduisent le bonheur d’avoir pu passer tout ce temps ensemble et nos gorges serrées la douleur de la séparation mais je sais que nous sommes toutes les deux heureuses, unies par ce lien. Je sais aussi qu’elle est heureuse pour moi et fière que je puisse vivre cette nouvelle aventure.

Je passe sans difficulté la sécurité puis ai finalement peu de temps pour passer les derniers appels et envoyer les derniers messages à ceux que j’aime en France et que je ne reverrai pas avant un certain temps. J’aime ces moments où je quitte la France parce que j’ai ce bonheur d’avoir partagé tous ces moments avec ma famille et mes amis, j’ai savouré la douceur et la simplicité de la vie en France (par rapport à celle au Moyen-Orient plus rude et plus fatigante), je sais que je reviendrai parce que la France est mon pays et que j’ai la chance de pouvoir rentrer reprendre des forces ici (je l’ai particulièrement compris pendant la crise du covid) et je suis en même temps heureuse de partir vers des horizons inconnus où de nouvelles aventures m’attendent. C’est parti, confortablement installée sur mon siège, les yeux derrière le hublot, je décolle tranquillement direction Istanbul, ma première escale.

Première escale : Istanbul

J’aime beaucoup cet aéroport, très moderne et lumineux. C’est le point parfait pour une petite escale. Juste le temps de boire un café et de papoter avec la famille et les amis pour leur dire que le premier trajet s’est bien passé. J’ai l’habitude des escales et ça ne me pose pas de problème si elles sont longues, même si je préfère qu’elles se passent la journée. Je ne m’ennuie pas : je lis, j’écris dans mon carnet de voyage, mon journal ou mon blog, je discute sur les réseaux, je fais des listes (mon passe-temps favori), je planifie des trucs, je réfléchis, bref je m’occupe. Du coup, les petites 2h30 d’escale passent très rapidement et il est déjà temps d’aller retrouver mon futur collègue et sa fille qui partent eux-aussi s’installer à Damas. Nous allons continuer le chemin ensemble à partir de maintenant. Une nouvelle fois derrière le hublot, je profite de l’adrénaline du décollage (ça m’impressionne à chaque fois) avant de me plonger dans la lecture du livre que je lis actuellement « Diego et Frida » de J-M-C Le Clézio. Prochaine étape : Beyrouth. J’y resterai 2 jours. Actuellement il est très compliqué d’arriver directement en Syrie, l’espace aérien étant très restreint. Il n’y a également plus d’ambassade de France dans le pays depuis 2012. Il faut donc arriver au Liban puis faire la route jusqu’en Syrie.

Deuxième escale : Beyrouth

C’est là que les choses se corsent. Descendus de l’avion, il faut maintenant faire la queue et attendre de passer devant une petite machine prenant la température. Tout le monde se pousse, râle, personne ne respecte les distances préconisées, les gens sont les uns sur les autres. La personne assignée à la machine désespère. Ensuite il faut refaire la queue pour l’immigration. Même chose, malgré les marques au sol organisant la distanciation sociale, nous nous retrouvons tous proches, impatients de passer enfin cette étape. Tout le monde est fatigué : il est 4h du matin.

Une fois l’immigration passée, il faut à nouveau faire la queue pour faire le fameux test covid annoncé à Marseille (alors même que l’immigration vient de vérifier le test fait en France il y a moins de 72 heures). Les enfants hurlent de fatigue, les gens pestent, tout cela paraît absurde. L’installation est pour le moins précaire, après avoir fait la queue, il faut aller à l’un des « guichets », des tables en plastique où des jeunes prennent votre nom, adresse au Liban et numéro de téléphone puis vous donnent en échange un petit tube en plastique. Ensuite il faut s’avancer vers de très jeunes filles qui vont avoir le plaisir d’effectuer le fameux toucher nasal. L’homme qui passe juste avant moi est pris de spasmes au moment où la jeune fille lui colle le bâtonnet dans le nez… Je n’en mène pas large et je lui demande d’y aller doucement ! Finalement ce ne fut pas grand-chose. Avant même d’avoir fait le test, elle avait déjà posé sur mes jambes un petit carton vert avec écrit dessus « APPROVED ». Quelque chose me dit que ceci n’est qu’une vaste blague et que ces tests seront jetés à la poubelle après notre départ.

J’ai passé la machine à prendre la température, l’immigration et le test covid il y a 1h30, je me dis que du coup la bonne nouvelle c’est que mes valises doivent déjà être en train de m’attendre sur le tapis ! Penses-tu ! C’est reparti pour attendre les valises…

Ça y est, les valises sont récupérées, je trouve le comptoir de l’hôtel dans le hall de l’aéroport où je suis sensée me rendre pour être amenée à l’hôtel. Après un petit cafouillage sur la réservation, le taxi nous prend en charge.  Finalement le taxi est un vieux minibus. Pour y entrer les valises, il a fallu les hisser, tenez-vous bien :

Il est 5h30 du matin, nous démarrons enfin. Le taxi nous dépose à l’hôtel et nous prenons possession de nos chambres. Je n’arrive pas tout de suite à me coucher, je suis surexcitée : ça y est j’ai passé la première grosse étape, je suis à Beyrouth. Demain un médecin viendra me faire un 3ème test covid que je devrai présenter à la frontière le jour suivant pour pouvoir entrer en Syrie.

En attendant le jour se lève et moi je ferme enfin les yeux.

Vendredi 11 septembre 2020

Je me suis réveillée vers 10h30 afin d’avoir droit au petit-déjeuner qui se termine à 11h et d’être debout pour l’arrivée du médecin. Les deux arrivent dans la foulée. Le test est vite effectué et je peux profiter de mon petit-déjeuner. Je suis confinée à l’hôtel jusqu’aux résultats qui arriveront soit ce soir, soit demain matin. Je passe donc la journée dans ma chambre à lire, écrire et faire une sieste. Puis en fin de journée je rejoins mon collègue et sa fille pour faire connaissance et diner tous ensemble. C’est chouette de partager cette expérience avec d’autres personnes. Je ne me couche pas tard, les résultats du test arrivent dans la soirée (ouf toujours négatifs), je pourrai profiter de ma matinée demain avant le départ.

Samedi 12 septembre 2020

Après le petit-déjeuner, nous décidons d’aller faire un petit tour sur la Corniche. Nous ne sommes pas dans le centre ou dans un quartier touristique mais l’expérience est intéressante. Première chose qui me frappe : les déchets. Je sais que c’est depuis des années l’une des raisons de la colère des Libanais : la mauvaise gestion des déchets qui ravagent la ville. Quel dommage en effet, toutes ces bouteilles plastiques face à ce paysage magnifique. Malheureusement cela me rappelle les mêmes problématiques qu’en Égypte.

La quasi-totalité de la Corniche que nous allons longer est privatisée : des cafés, des restaurants, des clubs de luxe avec piscine. Heureusement, il y a quelques espaces préservés pour les amateurs de pêche.

Sur le retour nous faisons une rencontre inattendue !

Cet énorme pélican vient tous les jours chercher son poisson dans ce petit restaurant !

Vient l’heure de retourner à l’hôtel pour attendre le taxi qui nous amènera jusqu’à la frontière syrienne. Je ne réalise pas. Des tonnes d’émotion se mélangent dans mon cœur. Je pars pour la Syrie !

La suite arrive…

Je déménage… en Syrie ! – Partie 2